mercredi, juin 21

Why ?


C'était la séance de 19h25. Pas n'importe où. J'avais choisi. Ce serait le Grand Rex. Tant qu'à faire les choses, faisons les biens. Ce cinéma est génial, hormis les petites souris qui s'y baladent. Une décoration magnifique dans chaque salle, des petites lampes un peu partout et des sièges on ne peut plus confortable !

Alors on pris les places à l'avance histoire d'aller se poser dans un petit parc pas loin. Avec des enfants. Des petites filles aux regards gourmands. Un jeune garçon et son pistolet en plastique pour viser illusoirement deux ou trois pigeons qui ne cherchent qu'à s'épanouïr pendant la période des amours. Si tant est que je ne sois pas une pigeonne, me voilà aussi embarquée dans cette histoire sans queue ni tête, sans boucle terminable, d'où le bout ne ressemble pas au début [enfin bon, vous m'aurez compris].

On parle. Un peu. On se sourit. Légèrement. On se frôle. A peine.
Et ce silence assourdissant qui ne fait que se propager autour de nous malgré les cris malades des chérubins mentholés.
Et on ne peut s'empêcher de se glisser dans les bras l'un de l'autre. Parce que c'est comme ça. Parce qu'on ne maîtrise pas grand chose. Parce qu'au fond on est un peu pareil à chercher une tendresse éphémère qui pourtant ici semblerait vouloir déposer ses bagages un peu partout.

Rien qu'à repenser à ce début de soirée, je sens encore son odeur imprégnée sur mes vêtements et sur ma chair.

Le film passe. N'en voir que la moitié en échange de ses yeux est une des choses qui m'a le plus rassuré ces derniers jours. Et non, il ne le sait pas, malgré le fait que l'on s'est promis une parfaite franchise, je ne veux pas que l'on s'accroche plus que ce que nous le sommes déjà.

Comme une petite coccinelle qui voudrait s'envoler mais qui ne trouve pas la bonne feuille pour y parvenir. Alors elle cherche partout. Ne trouve rien. Sans désespérer elle y arrivera par le balancement obsessionnel que le vent donne aux feuilles. A peine eu-t-elle pris son envol que la foudre frappa non loin et la pris pour victime.
Destin fatal dirons les plus optimistes.

Et il a ce magnétisme dans les mains qui m'ont fait passer les douleurs au ventre. Il dégage une chaleur glacée d'une tendresse que ses yeux tentent de cacher. Mais le sourir qui pointe inlassablement sur le coin de ses lèvres le met à nu sans même qu'il ne s'en aperçoive. Il a l'air d'un enfant perdu qui cherche un coeur pour y déverser ses larmes, et une main pour l'aider à sortir de l'ombre.

On a marché comme ça jusqu'à Châtelet en parlant de choses et d'autres. De futiles banalités. Il était prêt de 23h30. Je lui ai dis de venir voir la statue de la liberté avec moi. Il a accepté sachant que s'il me suivait, il n'aurait plus de rer pour rentrer.
On était au courant tous les deux.
On a fait un détour par chez moi pour que mes envies féminines soient soulagées. Détour qui s'est prolongé jusqu'à 5h30.

On a parlé. Dansé 6 slows sur la terrasse avec les étoiles en fond lumineux.
Puis on est retourné à l'intérieur et à force de chercher une éventuelle sortie, on a trouvé ce que je voulais éviter à tout prix. Je voulais lui en parler avant que ça se passe. Mais non, comme d'habitude, on a laissé nos silences nous hanter et prendre le dessus sur des explications qui auraient évitées d'éventuelles complications.

Vers 6h il me chuchotte qu'il s'en va. Il me lâche la main, je rattrape la sienne aussi tôt, la serre fort comme si je voulais lui dire des mots que je ne lui dirai jamais. Il dépose un baiser sur mon front et referme la porte.
Derrière lui, le silence.

Mais je pars lundi. Et je ne sais pas comment lui dire adieu. Parce que ça sera définitif. Parce que c'est de ça dont je veux lui parler. Que mon départ sera une cassure nette. Et que nous savoir à 800km en train de souffrir fait pointer deux milles larmes au dessus d'un sourir amoureux.

Et lui, à travers les fenêtres de son âme dont il change régulièrement les rideaux, se trouve un enfant dominé par la peur de lui même, par le souvenir d'une adolescence râtée et d'une famille décomposée.

Comment lui dire que l'on veut le haïr ?

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

C'est un enfant, oui, il croit qu'il sait cacher sa souffrance mais on la lit très nettement. Tu t'en veux d'en rajouter dans ses yeux, je te comprends. Et l'autre homme dans ta vie, qu'est ce qu'il vaut à tes yeux? Quoi que tu fasses quelqu'un va souffrir, autant faire en sorte que tu ne souffres pas aussi (bien que tu souffres deja). C'est un défi c vrai, mais as tu quelquechose à perdre ou l'as tu deja perdu? Oui il y aura de toute façon la distance, mais la question se pose sur cet autre homme. L'aimes tu et est tu aimé? Tu me dis souvent que oui, malgré parfois des hésitations, maintenant pose toi uniquement cette question et oublie celle concernant le défi. Un problème puis un autre pas tout en meme temps. Le défi lui sera loin de toi, et si il trouve le moyen de se rapprocher alors la tu pourra te poser LA question à son sujet. Mais ce n'est pas le cas pour l'instant, le départ est imminent. Les adieux inéluctable.

Courage, lundi arrive bientot, tu sera un peu libérée!

22 juin, 2006 13:17  

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