samedi, février 17



Elle ouvre grand les yeux pour approximer quand le sol qu’elle voit inéluctablement s’approcher arrêtera sa chute. Lorsqu’elle entend un : « plooooong » et sent son corps remonter.
Se demandant l’espace d’un instant ce qu’il se passe, elle élargit son champ de vision et voit trois petites têtes brunes écarter un filet en cote de maille moelleuse (si si ça existe) qu’elle vient de percuter.

ploooong

plooong

ploong

plong



La tête rivée vers le haut du chapiteau, elle est maintenant immobile sur le filet alors qu’au fond d’elle-même tout est brisé et estimait que le sol aurait été une alternative bien plus riche pour le gérant. Alors elle ne bouge pas. Elle ferme les yeux et sa vie repasse en boucle comme un mauvais magnétoscope qui fait sauter la cassette et la ramène inlassablement en arrière. Elle n’écoute plus les « bouuuuuh », « remboursééééés » de la foule remontée. Non. Le Silence se fait en elle. Il s’y impose même.


Silencio.


Elle n’a plus la notion du temps.

Silencio.


Comment ?

Silencio.


Jusqu’à ce que, à travers ses paupières fermées, elle aperçoive un point brillant. Ouvrant à demi les yeux, elle regarde dans sa direction. En se concentrant un peu plus, elle peut même percevoir une mélodie et de la forme du point elle distingue une sorte d’étoile. Qu’est ce que …

« Et maintenant, mesdames et messieurs, le numéro des clowns pour le plus grand bonheur des petits comme des grands ! »

L’annonce l’avait tiré brutalement de ses songes et elle descendit immédiatement du filet pour laisser place. Se tournant vers les petites têtes brunes, elle demanda :
« Allez les enfants, on rentre. Un café nous fera du bien. »